Est-ce qu'une femme viole son conjoint si elle ment sur sa contraception ?

Au même titre qu'une femme se fait violer lorsqu'un homme retire son préservatif pendant une relation sexuelle ?

Je suis intimement persuadé de la deuxième proposition, mais je doute de la première. Je trouve pourtant que mon avis est biaisé et que j'ai tort. La raison me pousse à dire que dans les deux cas, il y a viol, mais je n'arrive pas à m'en persuader.

C'est sans doute parce que cela m'est arrivé. Je suis un homme et la première femme avec qui je suis sorti m'a fait ça. C'était après deux ans de relation. Elle m'a dit qu'elle continuait de prendre la pillule, m'assurait que ce ne la dérangeait pas. En vérité, elle avait arrêté sans me le dire. Nous avons fait plusieurs fois l'amour, je ne sais pas combien de fois ni combien de temps ça a duré. Un jour, je m'en suis rendu compte, et elle m'a avoué après de nombreuses questions. Il n'y a pas eu d'enfant, ni d'avortement. La suite n'a été qu'une longue relation toxique.

De cette relation, j'ai appris ce que je ne voulais pas dans une relation. Je pense parfois à ce qui serait advenu de cet enfant, s'il était venu au monde. Qu'aurait-je fait ? Je n'aime pas la réponse à cette question.

J'ai aimé cette femme. J'ai envie de vous demander de ne pas la juger, alors que vous ne connaissez rien de sa vie, des difficultés auxquelles elle a du faire face. Mais là aussi, je trouve que j'ai tort. Je n'hésiterais pas à jeter sous un bus (figurativement) un homme violeur. Pourquoi est-ce que j'ai envie de protéger cette ex ?

Ce que je décrit s'agit d'un événement rare. La très grande majorité des viols sont commis par des hommes, connus par leur victime. Quasiment tous ces viols ne sont pas condamnés par la justice. Ma soeur s'est fait violer. Ma conjointe actuelle s'est fait violer dans le passé. Et l'ex dont je parle, s'est aussi fait violer après notre séparation. Aucune condamnation. Je le rappelle au cas où un connard voudrait utiliser ce post pour étayer sa thèse anti-féministe.

J'avoue que les années suivant cette mésaventure ont été un peu dures. J'ai eu du mal à faire confiance, j'ai eu du mal à me remettre avec quelqu'un, j'ai toujours aujourd'hui des problèmes concernant ma sexualité. Ce n'est que récemment, en parlant de ça avec ma conjointe actuelle, la seule personne à qui j'en ai parlé, que j'ai pris conscience de ce qui s'était passé.

Pour précision, j'ai la trentaine et les faits que je décris (me concernant) ont eu lieu quelque part entre 2015 et 2025.

Le post est plus long que ce que je pensais écrire à la base. J'ai posé plus de questions que prévu. J'attend vos commentaires avec un peu d'appréhension. Je n'ai pas vraiment envie d'entendre la vérité, mais je crois que je l'ai peut-être déjà un peu écrite.

Édit 1 : après avoir lu vos commentaires, je comprends qu'il faut bien définir les termes. La définition juridique actuelle du viol dit que ce qui m'est arrivé, ce n'est pas un viol. Il n'y a pas de jurisprudence qui le confirme. C'est factuel. Je ne voudrais pas que l'on croit que je veuille faire le chevalier blanc ou m'extirper du statut de victime.

Je trouve que ma situation s'approche de celle de l'adultère, qui n'est pas puni par la loi. Il ne s'agit pas non plus de mettre mes émotions sous le tapis. Elles existent, et vos messages m'ont permis de mettre des mots dessus. Je trouve aussi qu'accuser mon ex ne convenait pas. Elle ne m'a pas respecté, elle m'a menti, mais elle ne m'a pas violé.

Cela ne veut pas dire que la définition d'un viol ne doit pas changer. Le consentement est un élément clé qui doit entrer dans cette définition.

Édit 2 : La contraception, n'est pas à la seule charge des femmes. Déjà, à l'époque, j'achetais mes préservatifs internes. C'est par facilité, par convention, par manque de solution de contraception masculine temporaire, que nous nous sommes rabattus vers la pilule, non sans conséquences psychologiques pour mon ex, et par extension pour moi suite à cette tromperie. Aujourd'hui, le problème est réglé définitivement pour moi. Il n'empêche, que si les hommes ne veulent pas de problèmes, qu'ils prennent leurs responsabilités. Ils doivent prendre en charge leur contraception.